GLOBAL VILLAGE est une expression de Marshall McLuhan, tirée de son ouvrage The Medium is the Massage paru en 1967, pour qualifier les effets de la mondialisation, des médias et des technologies de l’information et de la communication
Cette notion de village global, comme celle de communauté internationale, est régulièrement moquée par des “esprits forts”, personnalités autorisées, consultées par les Princes, tel par exemple, Hubert Védrine, au nom d’un réalisme qui caractérise ce que l’on désigne sous le nom de géopolitique. Le réalisme ne révèle souvent que l’impuissance conceptuelle de celui qu’il illumine.
Pourtant le village global et la communauté internationale existent, le #coronavirus ne les a pas inventés mais il les a, aussi, révélés.
Non seulement village global et communauté internationales existent, mais encore définissent-ils, encore, un nouvel espace de souveraineté démocratique à conquérir.
Rien de l’exploitation des écosystèmes ne devrait échapper à une pensée politique de l’intérêt général. Voici quelque temps déjà que nous préconisons une valorisation de l’entretien de la nature par un droit dit “intellectuel”. cf notre ouvrage Refonder l’espace public ou notre cours de droit d’auteur “Environnement intellectuel”
La propriété intellectuelle reconnue aux auteurs (notamment) repose sur le même fondement: l’intérêt collectif. La création enrichit – moralement – l’espace public et le protège. La création, c’est toujours la résolution d’un conflit.
La connaissance, la protection, l’entretien, la valorisation de la nature enrichissent l’espace public et le protègent. Par exemple, l’on pourrait devrait / devrait conférer un droit intellectuel au Brésil ou à l’état d’Amazonie pour la protection de la forêt. L’on pourrait / devrait conférer des droits intellectuels à des agriculteurs, des pêcheurs, ou quiconque à une emprise sur la nature et la valorise dans l’intérêt collectif plutôt que de les rémunérer selon la loi du marché à surexploiter la nature au détriment de la collectivité.
Rien ne sert d’interdire le braconnage des éléphants, des rhinocéros, des pangolins ou autres espèces protégées si l’environnement, ces espèces et ceux qui les entretiennent ne sont pas intellectuellement, moralement et collectivement valorisés.
Dans son ouvrage La cause Végane – Un nouvel intégrisme – L’auteur journaliste Frédéric DENHEZ, peu avant la crise sanitaire mondiale du #COVID19, a mis en avant cette nécessité de considérer la nature, non comme une ressource, fût-elle protégée, mais comme un espace social et politique.
L’éminent anthropologue Philippe DESCOLA a décrit, dans son ouvrage “Par-delà Nature et Culture” (Gallimard 2005), sur la base d’une étude du peuple Jivaros Achuar en Amazonie Équatorienne, comment l’opposition culture / nature est relative et comment la notion même de “nature”, comme un élément extérieur à celui qui l’habite, la domine ou la contemple, est absurde. La nature est à un Jivaros ce que Mme Bovary est à Gustave Flaubert.
Dans un état démocratique, la police administrative est définie par ces trois objets, les 3 “s”: santé, sécurité, salubrité. Il va falloir penser ces lois de police administrative à l’échelle de cette nouvelle circonscription du champ démocratique révélée (confirmée) avec le coronavirus: le monde, nature et culture incluses.
Antoine Gitton